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sa femme et d’empêcher la séparation des époux, quoique ces deux choses s’excluaient mutuellement. Un de ces principaux conseillers était sa belle-mère, la baronne Dudevant. À en juger par certaines allusions des lettres d’Aurore et d’Hippolyte (entre autres dans les premières lignes de la lettre du 12 décembre dont nous venons de citer un fragment), il semble que la mère d’Aurore, Sophie Dupin, savait aussi en cette affaire jeter de l’huile sur le feu. Quoi qu’il en soit, le 8 avril 1830, Casimir Dudevant présenta au tribunal une opposition aux jugements du 1er  décembre et du 16 février, en s’appuyant sur les vices de la procédure, et le 14 avril renouvela cette opposition par requête signifiée d’avoué à avoué, par laquelle il protestait sur le fond contre le jugement du tribunal, attaquait de nullité l’enquête, demandait une contre-enquête ayant pour but de faire déclarer la demande de Mme Dudevant non recevable et non fondée. En conséquence, l’affaire des époux Dudevant fut de nouveau portée devant le tribunal civil de la Châtre, les 10 et 11 mai 1836. Les défenseurs étaient Vergne, du côté du mari, Michel de Bourges du côté d’Aurore.

Vergue commença son plaidoyer en renonçant à répliquer sur le fond ; le document du 14 avril (sorte de déposition de servantes congédiées) lui paraissait « d’une telle atrocité », qu’il n’osa le lire, sentant bien que par là il perdrait son client. Et malgré toutes les sommations de l’avoué de Mme Dudevant, il se borna à indiquer certaines erreurs qui avaient été commises, dans le cours de l’instruction du procès, c’est-à-dire déclara qu’il ne voulait plaider que sur les motifs formels de la nullité de la procédure.

Alors Michel de Bourges prit la parole. Répondant d’abord