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une plainte contre son mari devant le tribunal de La Châtre, en demandant la séparation de corps pour injures graves, sévices et mauvais traitements. C’est par cet acte que s’ouvrit entre les deux conjoints le procès qui dura plus de deux ans et ne prit fin qu’en 1838. Le 2 novembre, les deux parties devaient comparaître devant le tribunal, mais Dudevant prévoyant qu’il lui serait défavorable de se défendre et qu’il valait mieux que tout se passât sans bruit, ne parut pas. Par décision du tribunal du 1er  décembre, les faits allégués par la plaignante furent reconnus pertinents et admissibles » et il lui fut enjoint de les prouver devant le juge-commissaire. Ce jugement fut signifié au domicile de M. Dudevant le 2 janvier 1836, les pièces en furent remises à l’un des domestiques de M. Dudevant, et le même jour l’audition des témoins fut fixée au 14 janvier. À cette date on interrogea un grand nombre de témoins, entre autres : Duteil, Papot, les Bourgoing (mari et femme) le docteur Charles Delaveau, Néraud, Planet, le jardinier, les domestiques, les cochers, et M. Jules Boucoiran, venu du Midi à cette seule fin. Le procureur Daiguzon, en déclarant cette enquête excellente, dit plus tard que parmi les témoins on devait remarquer M. Boucoiran, cet « homme calme, prudent et sage et assez connu dans le pays pour répondre à tous les doutes » élevés contre l’impartialité des témoins. « Un homme si impartial, si intègre, si grave, a-t-il dit, est précisément celui de tous les témoins qui accuse le plus sévèrement M. Dudevant. » Une copie du procès-verbal fut déposée au logement de Dudevant avec assignation à comparaître à l’audience du 16 février « pour ouïr adjuger à la dame Dudevant les conclusions par elle prises ». Dudevant persista à se taire et ne donna aucun signe de vie. Le 16 février le tribunal rendit par défaut son jugement,