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Poème de Myrza et du Dieu inconnu. Le Poème de Myrza, étrange fantaisie cosmogonique, dépeint les premiers jours de la création du monde, l’apparition de l’homme et les premiers temps de l’existence de la race humaine sur la terre. L’auteur fait réciter son poème par une certaine Myrza, poétesse ayant vécu à Césarée, à l’époque de transition entre le monde païen et le monde chrétien, lorsque se développa l’éclectisme qui conciliait les croyances et les doctrines les plus opposées. Le poème se termine par un hymne exalté à l’amour que Myrza glorifie par-dessus tout ce qui est accordé aux hommes pour leur bonheur. Irrités de ses paroles, les ascètes, les faux prophètes et les Pharisiens, veulent la lapider, tandis que le peuple veut la porter en triomphe. Elle s’éloigne des uns et des autres et, montée sur son dromadaire, elle leur dit : « Laissez-moi partir, et si ces hommes vous disent quelque chose de bon, écoutez-le, et recueillez-le de quelque part qu’il vienne. Pour moi, je vous ai dit ma foi, c’est l’amour. Et voyez pourtant que je suis seule, que j’arrive seule, et que, je pars seule… » Alors Myrza répandit beaucoup de larmes, puis elle ajouta : Comprenez-vous mes pleurs, et savez-vous où je vais ? »

— Et elle s’en alla par la route qui mène au désert de la Thébaïde… »

Ce passage rappelle involontairement à notre souvenir la retraite que George Sand avait faite, au printemps de 1835, dans sa Thébaïde du Berry après deux années d’épreuves orageuses, alors qu’elle était résolue à mener dorénavant une vie ascétique, sévère et solitaire. Faisant ses adieux au passé, et croyant en avoir fini pour toujours avec l’amour, elle s’écriait alors dans une page de sa Lettre à Everard : « Mais toi, idole de ma jeunesse, amour dont je déserte le