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CHAPITRE XI
(1835-1836)

Michel de Bourges. — Lettres de femme et Journal du docteur Piffoël. — Le Poème de Myrza et le Dieu Inconnu. — Le procès en séparation et les autres procès avec M. Dudevant.


À la fin du mois de mai 1833, Liszt et la comtesse d’Agoult partirent pour la Suisse, Michel retourna à Bourges, et George Sand resta à Paris pour finir à la date obligée son roman : Simon, promis à Buloz. Il commençait à faire chaud, et le séjour dans la mansarde du cinquième étage devenait insupportable. De ses fenêtres, qui donnaient dans la cour intérieure, George Sand vit qu’au rez-de-chaussée de sa maison, alors à moitié démolie pour cause de grandes réparations, il y avait au niveau même du jardin un logement vide. Les portes, il est vrai, y étaient enlevées, tous les coins encombrés de pierres et de décombres, mais l’air était frais dans les grandes chambres, tout était tranquille, et le petit jardin, fermé pour tout le monde, lui offrait un abri où elle pouvait se retirer sans avoir à craindre d’être dérangée. Enchantée d’avoir trouvé au centre même du bruyant Paris la solitude, la liberté dans le calme et, le comble de ses rêves, « une maison déserte », elle s’empara sans hésiter du logement et y installa son cabinet de travail en transformant un établi de menuisier en table à écrire. Seuls, le portier qui lui avait cédé la clef du jardin, et la