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des calepins de George Sand, les dates suivantes, sûrement données par elle à Michel lors de son procès en séparation : « 1835. À Paris, la fin de juillet ; revenue à Nohant le 6 août ; Michel vient le 8. Je le reconduis à Châteauroux. Reviens à Nohant jusqu’au 1er  septembre ; tout septembre à Paris ; revenue ici le 30… » Donc, en 1833, George Sand ne quitta pas la France, et M. Rocheblave a commenté erronément plusieurs lettres. Il serait certainement du plus haut intérêt de voir paraître cette correspondance entre les deux femmes écrivains, mais revue à nouveau, et les lettres remises à leurs dates véritables, dans leur ordre chronologique et accompagnées d’annotations bien vérifiées. Donc, tout en conseillant à tout le monde de lire l’article de M. Rocheblave comme une étude psychologique très intéressante, nous recommandons à tout lecteur de ne pas consulter cet ouvrage comme document, et de se souvenir avant tout et une fois pour toutes que : En 1835 George Sand n’est nullement allée voir Liszt à Genève.

Mais retournons au printemps de 1835. La curiosité avait donc porté Mmes Dudevant et d’Agoult à se voir et à se connaître. On sait que les femmes deviennent souvent amoureuses rien que par curiosité. George Sand et Mme d’Agoult devinrent simplement amies pour cette même raison ; car, au fond, il n’y avait rien de commun entre elles. L’une était une nature tout d’une pièce, ardente, artiste ; l’autre une nature double, plutôt réflexe et ambitieuse. L’une était habituée à vivre en pleine liberté, l’autre à trôner dans les salons. La seconde, selon l’expression de Liszt, ne se sentait à l’aise que dans des robes de mille francs, la première n’était véritablement contente que lorsqu’elle se voyait avec une blouse de toile bleue et des bottes d’homme. Celle-là, quoique s’étant