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venait d’être excommunié. Toutes les sympathies de Liszt furent pour l’ami paternel ; désenchanté connue celui-ci, il se détourna de l’Église. » Dans le second volume de ses œuvres (article : Zur Stellung der Künstler) on trouve des attaques violentes, remplies de colère et de fiel contre l’Église romaine, attaques qui rivalisent avec celles de Dante. En un mot, on peut dire que c’est Lamennais qui « consacra cette liberté que Liszt garda toujours vis-à-vis de tous les pouvoirs ».

La conséquence pratique des idées saint-simoniennes et de son amitié avec Lamennais se fait remarquer dans une série d’articles littéraires sur la question de l’instruction musicale des masses, sur la nécessité de fonder pour le peuple des sociétés chorales, de donner des concerts populaires, etc., etc. Liszt resta également fidèle aux idées qui ne furent exposées par Lamennais que plus tard, dans les quatre volumes de l’Esquisse d’une philosophie, mais qui furent déjà discutées dans leurs conversations de 1832-35. Il ne cessa non plus de regarder sa vocation comme sacrée, envisageant son art, non comme un moyen d’arriver à la célébrité, de briller, d’amuser le public (ce qu’il avait dû faire dans sa jeunesse dans ses tournées artistiques), mais comme le moyen de contribuer à la solution des plus hauts problèmes qui travaillent l’humanité.

Bien plus, il fut le premier des artistes qui commença à secourir les pauvres, les malheureux, en leur abandonnant le produit de la recette de ses concerts. Ainsi, en 1837, il donna à Lyon un concert au profit des ouvriers qui souffraient de la famine, à la suite d’une grève. Avant cela déjà il avait fait preuve de compassion sympathique envers les malheureux Lyonnais, qui avaient beaucoup souffert après leur révolte de 1834. Il avait composé à cette occasion,