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du développement d’une seule et même idée. Lamennais avait commencé par lutter contre la Révolution, l’Empire et Napoléon, trois régimes, aux yeux de cet apôtre fanatique du christianisme, entièrement contraires à l’esprit de l’enseignement divin. Dans cet ordre d’idées, il a écrit ses Réflexions sur l’état de l’Église en France pendant le xviiie siècle, et sur sa situation actuelle (1808) et son célèbre Essai sur l’indifférence en matière de religion (1817-1823). Il espérait que la Restauration rendrait à l’Église le pouvoir et l’influence qui lui appartiennent comme unique autorité naturelle de la société chrétienne. Son espoir fut déçu. Il voulait exciter l’énergie et ranimer la vitalité de l’Église catholique endormie, il voulait arriver à ce que sa puissance spirituelle dominât tous les pouvoirs terrestres comme au temps glorieux des premiers siècles du christianisme. Il s’opposait à l’autonomie de l’Église gallicane, qu’il trouvait en opposition avec les principes de l’unité de l’église orthodoxe. (De la religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et civil, 1826.) Il s’efforça de signaler à la curie romaine ses fautes, ses égarements et lui conseilla, en se conformant aux exigences du temps, de ne pas être seulement la religion des puissants de la terre, mais la religion de tous. Ses vœux, ses conseils, furent condamnés. Son voyage à Rome lui ouvrit les yeux et lui montra qu’entre la papauté et le christianisme, il n’y avait rien de commun ; que l’une n’était qu’une institution purement humaine, une institution d’État, l’autre une institution divine. L’une était l’antipode de l’autre. (Affaires de Rome, 1836.) L’apôtre du christianisme se rangea du côté du christianisme ; l’apôtre de l’amour évangélique envers le prochain se leva contre l’Église qui prêche l’oppression, la violence et la vengeance, et l’Église se