Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choses du dehors, et il n’y avait guère moyen de ne pas s’oublier soi-même, absolument, dans cet accès de fièvre que les événements donnaient à tout le monde… »

Parmi les membres de cette « école » qui s’était formée en 1835 autour de Michel, il faut surtout nommer Charles Didier[1]. George Sand lui consacre bon nombre de pages dans l’Histoire de ma Vie et lui a adressé la sixième Lettre d’un Voyageur (n° 10 des Lettres d’un voyageur en volume. — Dans toutes les éditions ultérieures de ces Lettres, le nom de Didier est remplacé par le pseudonyme de « Herbert », et seules les éditions parues avant 1842 portent en tête de la lettre n° 10 les mots : À Charles Didier.) Or, le logement de Didier, 6, rue du Regard, servit entre 1835 et 1837 de lieu de réunion à tous les amis de Michel et de George Sand, qui, lors de ses arrivées à Paris, descendait parfois chez Didier et s’y faisait adresser sa correspondance.

Pourtant on remarque encore dans les lettres de George Sand une légère ironie fine, une note méprisante à l’adresse des politiciens. Le 23 mai, elle écrivait à Duteil (lettre inédite dont la première partie se rapporte à Dudevant) : « Tu sais mieux que moi où en est le procès. Mon dévouement pour Michel n’a pas pu encore aller jusqu’à lire les journaux. Mais je le vois tous les jours, ce qui revient au même. Son cœur est aussi affectueux que sa conduite est forte et noble.

  1. Charles Didier, écrivain français et collaborateur de la Revue des Deux-Mondes, naquit à Genève en 1805, et mourut à Paris en 1864. Outre la susdite revue, il collabora encore au National, au Monde de Lamennais, etc. Il avait beaucoup voyagé, rempli des missions diplomatiques (entre autres en Pologne). Vers la fin de sa vie il perdit la vue. Ses écrits ont pour la plupart parus d’abord dans la Revue des Deux-Mondes. Ses œuvres les plus connues sont : Rome souterraine et les Lettres sur l’Espagne.