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Mais où retrouver ce désir, cette foi et cet espoir ? Priez pour moi, si Dieu vous écoute, priez pour tous les hommes infortunés. »

On saisit toute la portée de cette lettre, si l’on observe que la sixième Lettre d’un voyageur, dont les divisions portent les dates des 11, 15, 18, 20, 22, 23, 26, et 29 avril et qui lors de sa publication dans la Revue des Deux-Mondes portait le n° IV et suivait ainsi immédiatement les trois lettres à Musset et la Lettre d’un oncle adressée à Rollinat, pleines d’échos du drame de cœur qui venait de se passer, que cette sixième lettre est dédiée à Everard == Michel de Bourges. En effet, comme si le sort avait voulu mettre devant les yeux de cette femme travaillée par les passions et le doute, qu’il y avait une autre et meilleure manière d’appliquer son indomptable force individuelle qu’aux sentiments et aux péripéties de l’amour, le sort, en 1835, lui fit rencontrer, on ne peut plus à propos, trois personnalités, dont toute la vie et l’activité furent uniquement consacrées au service d’une grande idée, c’étaient Michel, Liszt et Lamennais.

Ce fut précisément en Michel que George Sand trouva ce que Sainte-Beuve n’avait pu lui donner. Celui-ci avait voulu la guérir de ses doutes et de ses entraînements, en lui enseignant à voir la vie avec un calme philosophique et d’une manière objective, à savoir se recueillir en elle-même, à trouver dans la liberté idéale de l’esprit le contentement moral que n’avaient pu lui donner les hommes, le bonheur qu’elle poursuivait en vain. Michel lui indiqua une autre voie qui convenait mieux à sa nature et à son âme ardente, c’était de chercher la satisfaction de toutes les forces de son être dans la compassion envers le prochain et en se mettant au service de l’humanité. Et alors, au lieu