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fession, une des premières œuvres du siècle, et Elle et Lui, qui n’occupe qu’une place secondaire même parmi les romans de George Sand. Nous ne parlons que des résultats identiques de l’analyse psychologique dans les deux romans.) En conséquence, ni la Confession, ni Elle et Lui, ne représentent la vraie histoire de l’amour des deux écrivains, mais uniquement le développement poétique d’une seule et même thèse psychologique. Les prémisses étaient les mêmes, le sentiment de la vérité artistique et la puissance d’analyse étaient aussi semblables chez les deux écrivains, — on comprend facilement que les conclusions devaient se ressembler, et cette ressemblance est, en certains endroits, vraiment frappante. Il est évident pour nous que lorsque chez les deux héros du roman vécu la douleur des premières souffrances fut calmée, et que les deux écrivains eurent l’esprit assez tranquille pour juger le passé, ils comprirent que le coupable n’était ni lui, ni elle, mais bien ce que l’on appelle vulgairement « incompatibilité de caractères », et ce qu’il conviendrait mieux, en ce cas, divergence de goûts, d’habitudes, d’idées générales. Ils comprirent que si ce n’était un rien, ce serait un autre rien qui suffirait à les désunir et à amener la rupture et que cette séparation si soudaine ne leur épargnerait aucune torture, car certes, ils s’aimaient tous deux passionnément et sincèrement. Et voilà qu’en développant leur thème, les deux écrivains prennent pour motif et pour cause extérieure de la rupture finale : l’un, l’Anglais Smith ; l’autre, l’Anglais Palmer. Il nous importe peu de savoir s’il faut, ou non, voir dans ce dernier le docteur Pagello. Une chose certaine, c’est que Smith et Palmer sont des personnages nuls, pâles, insignifiants, mais ils devaient être tels pour donner au roman une plus grande vérité artistique.