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1838, marquent en général le point culminant de la création poétique de Musset.

La première de ces assertions est d’une naïveté à faire sourire ; quant à la seconde, on ne peut qu’être d’accord avec son auteur, et Brandès est aussi tout à fait dans le vrai en nous disant que dans la plus grande perfection des œuvres écrites par George Sand et Musset après la rupture, il est impossible de ne pas voir l’influence de leur communion spirituelle. Si l’amour de ces deux écrivains de génie a été de courte durée, on ne peut méconnaître dans les enfants littéraires nés de cette union, des traits indubitables des grands auteurs de leurs jours et ne pas remarquer que ces enfants dépassent d’une tête tous leurs aînés. À la page 184 de son livre, Lindau tient à répéter encore une fois que, dans la période de 1834 à 1838, Musset, dans toute une série de poésies, se distinguant par la profondeur du sujet et la beauté de l’inspiration poétique, épanche son Weltschmerz ou, comme il l’appelle, la maladie du siècle et, qu’en prose, cette disposition d’esprit du poète, s’est fait voir surtout dans la Confession d’un enfant du siècle. « Cet ouvrage pourrait même s’appeler la Condamnation de soi-même d’un enfant du siècle », dit Lindau, et il ajoute : « Le poète s’accuse si sévèrement lui-même que George Sand, après cela, n’avait plus à s’inquiéter d’avoir à se défendre. » C’est là une remarque fort juste, et s’il fallait appliquer à la Confession le système si cher aux biographes, de tirer de chaque roman les caractères et les causes motrices de la vie de leurs auteurs, nous pourrions voir, dans la Confession, la peinture du vrai roman vécu de Musset et de George Sand (comme ils le voyaient eux-mêmes). Et l’auteur y fait preuve de tant d’objectivité et d’une si profonde compréhension des causes qui avaient