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on n’analyse jamais au point de vue de l’esprit de liberté qui y souffle et de ses opinions très prononcées sur les événements de la fin du siècle passé et des trente premières années du nôtre, — que ces deux œuvres ont été écrites par Musset après sa liaison avec George Sand. L’influence directe de notre héroïne, de ses conversations, de ses convictions s’y fait sensiblement sentir, quoique Musset les ait transcrites inconsciemment, et sans la moindre pensée d’y faire entendre l’écho des paroles et des jugements de celle qu’il avait tant aimée.

Lindau prend à tâche de nous montrer que l’influence de George Sand a été infructueuse et pernicieuse, et, dans ce but, il rappelle, dans un endroit de son livre, toutes les œuvres de Musset qui furent écrites après la fameuse année 1834, et qui prouvent, selon lui, que le poète n’était plus alors ce qu’il avait été, et que sa force était brisée. Il est évident pour nous que si Musset, l’auteur des Caprices de Marianne et de Rolla, et celui de la Confession d’un enfant du siècle, n’est plus le même, des deux c’est le premier qui est inférieur au second, et non vice-versa ; que son talent avait mûri, s’était fortifié et s’était épuré de tous les défauts de la jeunesse, et que la Confession est, sans contredit, la meilleure et la plus belle œuvre de Musset. Il est curieux de voir que Lindau, aussitôt après avoir assez étourdiment fait remarquer (p. 166 de son livre) que, pendant le temps de son bonheur, Musset n’a rien fait, excepté la pièce insignifiante : À Saint-Blaise, à la Zuecca… etc., Lindau, disons-nous, doit immédiatement reconnaître que l’époque la plus féconde du talent de Musset fut précisément celle qui suivit la rupture. « Dans la seconde moitié de 1834, Musset, ajoute-t-il, écrivit deux de ses œuvres les plus importantes. » Les années 1834 à