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Cette analyse a déjà été faite avant nous, et certes mieux que nous ne la ferions, par Arvède Barine, Sainte-Beuve, Montégut et Lindau.

Il est à présumer que la plupart des lecteurs ignorent que George Sand a aussi écrit des vers, et cependant il en est ainsi. Quelques-unes de ses poésies ont été publiées de son vivant et font partie de ses œuvres, mais beaucoup d’autres n’ont jamais vu le jour. Le premier petit poème de George Sand fut la Reine Mab, qui n’est qu’une périphrase des lignes si célèbres de Shakespeare ; nous en avons déjà parlé plus haut. Lorsque, après la représentation de Chatterton, Planche eut injurieusement éreinté Alfred de Vigny dans son article, Musset et George Sand écrivirent et envoyèrent à l’auteur de Chatterton deux sonnets[1], les deux poètes protestèrent, chacun à sa manière, contre la critique de Planche. Le sonnet de Musset est plein de verve mordante et d’esprit caustique. George Sand proteste contre le verdict de Planche comme contenant une tentative d’analyser froidement les impressions des spectateurs. Nous avons pleuré, voilà le plus bel éloge de la pièce, dit-elle : analyser les larmes, c’est faire chose qui n’a pas le sens commun. Les ondes de l’Océan sont grandioses, mais si on les sèche et les analyse, il n’en restera plus qu’une poignée de sel.

L’automne de 1834, George Sand le passa, comme nous le savons, à Nohant, toute à son désespoir, cherchant l’oubli au milieu de ses enfants et de ses amis. Mais de temps à autre, il lui survenait comme toujours des périodes de réaction où, des journées durant, elle se livrait à une gaieté fébrile ou était capable des folies les plus puériles,

  1. Ces deux sonnets ont été trouvés parmi les papiers de de Vigny et ont été imprimés par Louis Ratisbonne dans la Revue Moderne, 1865.