Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’échange non effectué de ces lettres. Ce sont celles du 20 janvier et du 6 février 1861, dont nous avons déjà fait mention. Sainte-Beuve, toujours très occupé, chargea son secrétaire du soin d’examiner la double correspondance. Celui-ci trouva les lettres par trop romantiques et surtout sentant trop leur 1830, et déconseilla momentanément de les imprimer. Mais George Sand ne démordit pas de sa résolution de faire un jour parler la vérité, et, jusqu’à sa mort, manifesta plusieurs fois son vif désir de voir publier cette correspondance. Dans ce but, elle transmit l’original des lettres, et les deux copies qui en furent faites à MM. Alexandre Dumas[1], Noël Parfait et Émile Aucante. Ces Messieurs firent un arrangement en vertu duquel la copie, appartenant à celui d’entre eux qui mourrait le premier, reviendrait aux survivants qui pourraient alors choisir quelqu’un pour troisième exécuteur testamentaire, et en cas de mort des trois fondés de pouvoir, les trois manuscrits seraient déposés à la Bibliothèque Nationale. En 1881, immédiatement après la mort de Paul de Musset et la publication du premier volume de la Correspondance de George Sand, dans laquelle il ne se trouvait aucune de ses lettres à Musset, des voix s’élevèrent, réclamant enfin l’impression de cette correspondance authentique au lieu de quelques copies tronquées qui circulaient dans le public et auxquelles on ne pouvait guère ajouter foi. Mais d’autres voix protestèrent. La polémique éclata sur toute la ligne : les uns criaient pour, les autres contre, les

  1. Comme on le voit par la lettre de George Sand à M. Aucante, servant de préface aux lettres à Musset publiées en volume, ce fut d’abord Louis Maillard, auteur du Voyage à l’île de la Réunion, qu’elle désigna comme troisième exécuteur testamentaire. (George Sand avait, comme on le sait, consacré un article à ce livre de Maillard.) Après sa mort, Dumas, conformément au paragraphe 6 de la lettre à M. Aucante, choisit M. Parfait. Aujourd’hui M. Aucante est le seul survivant des exécuteurs testamentaires primitifs.