Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contenta, en publiant à la fin de la même année Jean de la Roche, de faire précéder le roman d’une préface très remarquable, qui était à la fois sa réponse à l’indigne sortie de Paul de Musset, et l’expression de ses convictions littéraires. Après avoir dit quelques mots sur les habitants d’une certaine ville de France, qui s’étaient reconnus soi-disant comme les habitants d’une ville imaginaire, la Faille-sur-Gouvre, qu’elle avait dépeinte dans le roman de Narcisse, elle dit : « Nous ne parlerions pas de ces incidents comiques, accessoires obligés de toute publication de ce genre, offrant un caractère de réalité quelconque, si, à propos d’un autre roman, publié, il y a un an bientôt, dans la Revue des Deux-Mondes, un incident analogue n’eût pris, sous le stimulant de la haine ou de la spéculation (nous aimons mieux croire à la haine, bien que rien ne nous l’explique), des proportions, je ne dirai pas plus fâcheuses pour l’écrivain dont il s’agit, mais beaucoup plus indécentes par elles-mêmes et véritablement indignes de la Faille-sur-Gouvre, car à la Faille-sur-Gouvre, on n’est qu’ingénu, tandis que, dans de plus grands centres de civilisation, on est hypocrite et on couvre une affaire de rancune ou de boutique des fleurs et des cyprès du sentiment[1] ».

« Sans nous occuper ici d’une tentative déshonorante pour ceux qui l’ont faite, pour ceux qui l’ont conseillée en secret et pour ceux qui l’ont approuvée, publiquement, sans vouloir en appeler à la justice des hommes pour réprimer un délit bien conditionné d’outrage et de calomnie, répression

  1. Tous ceux qui connaissent les vrais rapports qui ont existé entre les frères Musset, et la vraie cause de leur inimitié, etc., savent trop bien et ont su, avec George Sand, que le rôle d’ami dévoué et d’avocat chevaleresque que Paul endossa après la mort d’Alfred, et la soi-disant défense de sa mémoire contre George Sand — s’expliquent, hélas ! très prosaïquement.