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lieu cette correspondance : « Il n’y a qu’une chose que j’exige de vous : donnez-moi votre parole d’honneur que jamais vous ne remettrez rien à mon frère… » Après cela, que les lecteurs, les biographes et les critiques aient foi encore, au dire de Paul de Musset, comme biographe, avocat de son frère et historien (!) Qu’ils relisent trois fois ces paroles remarquables d’Alfred de Musset, et nous leur demanderons s’ils peuvent encore considérer tout ce que raconte ce frère, comme la vérité vraie !

Quoi qu’il en soit, Musset et George Sand remirent leurs lettres à Papet, qui les cacheta dans des enveloppes semblables ; mais, on ne sait pourquoi, il ne les transmit pas tout de suite à leurs auteurs respectifs. Il se passa ainsi sept ou huit ans, et de nouveau surgit la question de l’échange des lettres. Papet ne put dire laquelle des enveloppes contenait les lettres d’elle et laquelle renfermait celles de Musset. L’on souleva la question de savoir si l’on se réunirait à Paris : M. Grévy au nom de Musset, Rollinat pour George Sand — avec Papet — pour ouvrir à trois les enveloppes et remettre les lettres à leurs auteurs. Mais l’un d’eux manqua au rendez-vous, les lettres restèrent encore chez Papet. Cependant Alfred de Musset étant mort en 1857, Papet remit les deux paquets à George Sand[1] Paul de Musset lui réclama les lettres de son frère. Elle répondit (remarquons que les deux lettres, celle de Paul de Musset et la réponse de George Sand sont encore tout amicales) qu’elle ne pouvait le faire (il va sans dire qu’elle agissait ainsi par suite de la recommandation d’Alfred citée plus haut), mais que si Paul voulait venir tel jour à Nohant,

  1. Biographie de Alfred de Musset, par Paul de Musset. Note à la page 123.