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de son frère, « car la personne, envers laquelle il fallait être très prudent, avait quitté récemment le monde des vivants… » Une chose qui nous frappe bien désagréablement, c’est que ce même Paul de Musset, qui, du vivant de George Sand, et sans la moindre gêne, avait entassé, sous forme de roman[1]. Les accusations les plus grossières et les plus honteuses contre elle, cité des lettres d’elle comme quasi authentiques et conté l’histoire de Venise avec des détails révoltants et parfaitement invraisemblables, en s’efforçant de prouver l’exactitude de ses renseignements, ait attendu sa mort pour publier une biographie d’Alfred de Musset. N’était-ce pas là profiter de l’impossibilité où l’héroïne était de protester, du fond de sa tombe, contre les accusations qui allaient se produire ? Un autre fait aussi peu honorable, c’est que, dans cette Biographie, comme dans la Notice. Paul de Musset semble affecter une discrétion de bon goût au sujet de cette même histoire et se borne à des allusions, sans prononcer même le nom de George Sand, en ne s’exprimant partout que par ces mots : « une dame », une « personne », « la personne qui devait jouer un rôle », etc, lorsque, précisément, ce serait de la biographie d’Alfred de Musset, qui devrait être autant que possible historiquement exacte et impartiale, que nous serions en droit d’exiger des faits, des noms, des éclaircissements, et non des récits peu clairs et nébuleux, des potins mondains, des allusions mystérieuses à « une personne », et des menaces non moins mystérieuses, ces dernières, parfois, tout à fait incompréhensibles pour presque tous les lecteurs. Chacun conviendra que c’est là dire trop ou trop peu. Il fallait tout simplement, sans mettre à exécution l’ancien

  1. Lui et Elle.