Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une mélancolie, qui ne permettront certes jamais de les insérer dans des « pages choisies » pour la jeunesse. Les souvenirs personnels qu’Aurore Dupin avait gardés du couvent se font encore remarquer surtout par la précision, par la finesse, avec lesquelles George Sand a su évoquer ses impressions d’alors, sa tristesse rêveuse, la poésie de la désolation, de l’humilité, de la renonciation dont son âme était remplie, quand elle passait des heures entières au cimetière des Anglaises ou dans la cour pavée de dalles sépulcrales portant, pour toutes inscriptions, l’image de têtes de mort.

Pour éviter de revenir plusieurs fois sur le même sujet, nous avons cru nécessaire de ne point diviser notre analyse en deux parties en parlant séparément de la seconde édition de Lélia. Nous indiquerons en son lieu sous l’empire de quelles impressions George Sand refit le roman en 1836 et quelles furent alors les idées qui influencèrent la nouvelle version.

Selon nous, le roman de 1833 offre plus d’intérêt, comme œuvre d’art mieux soutenue dans son ensemble et comme peinture psychologique du triste état d’âme dans lequel George Sand se trouvait en 1832 et au commencement de 1833.

Parmi les autres œuvres de cette première moitié de 1833, nous trouvons le même pessimisme dans Lavinia[1], an old tale, la plus charmante des charmantes nouvelles de George Sand. Elle se passe dans les Pyrénées. C’est aussi comme un écho des jours tristes qu’Aurore Dudevant a

    « au rocher », sur le mariage — trop souvent l’institution légale de la dépravation morale et physique des jeunes filles pures — rappellent beaucoup la Sonate à Kreutzer.

  1. A paru au mois de mars 1833, dans le recueil : le Salmigondis.