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chez elle de tous les coins de l’Europe, d’Angleterre, d’Allemagne, de France et même de la lointaine Russie, pour lui demander conseil ou secours, ou bien pour lui exprimer simplement la respectueuse gratitude qui leur faisait entreprendre le pèlerinage de Paris ou de Nohant, comme, au siècle dernier, on s’empressait de courir à Ferney ou à Genève, et comme, de nos jours, on afflue à Yasnaïa-Poliana. George Sand était assiégée de demandes, bombardée de missives. En 1836, toute la « famille Saint-Simonienne de Paris » lui envoya une collection entière de cadeaux, (dont nous possédons la liste et dont nous parlerons ailleurs). Napoléon III, comme les simples mortels, se faisait un plaisir de lui adresser chacun de ses nouveaux ouvrages ; pendant sa réclusion à Ham, il lui avait envoyé sa brochure sur l’Extinction du paupérisme ; devenu empereur, il lui offrit son livre sur Jules César, en lui exprimant le désir d’avoir son avis sur son œuvre. Il faut que le nom de George Sand ait été bien « en vogue », pour qu’en 1859 le parfumeur Rafin en ait baptisé une eau de toilette, nouvellement inventée par lui, et ce nom a dû être bien « grand », pour que, plus tard encore, en 1870, on l’ait donné à l’un des deux ballons lâchés de Paris pour mettre la capitale assiégée en communication avec le gouvernement provisoire, installé alors à Bordeaux. (L’autre ballon porta le nom de son ami de 1848 — « Armand Barbès »). On peut assurer, sans crainte de se tromper, qu’il y eut vers le milieu du siècle peu de noms aussi aimés et aussi populaires que celui de George Sand. Sans vouloir anticiper sur les événements, comme nous venons de le dire, nous devons cependant noter encore, que les Russes doivent accorder une attention particulière à l’influence que George Sand a exercée