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amour, de passion enfantinement pure et aveuglément dévouée, s’est transformé en un sentiment plein de haine farouche ; il est prêt à tout pour se venger de Lélia, pour l’offenser, l’humilier. Déguisé en nonne, il pénètre dans le couvent pour assister à l’une des conférences de Lélia, pour semer l’esprit de doute parmi les religieuses et paralyser l’influence de la supérieure. La tentative se termine par un nouveau triomphe de Lélia sur les esprits et les cœurs de son auditoire. Ensuite, Sténio veut ravir une des novices, La jeune princesse Claudia et par là, encore, humilier et mortifier l’orgueil de Lélia. Mais c’est Lélia elle-même qu’il rencontre la nuit, il la prend pour un spectre et s’enfuit épouvanté. Pénétrant enfin dans sa cellule, il la trouve éveillée, absorbée dans ses méditations. Il s’engage alors entre eux un dialogue qui est une des plus belles pages du roman. Lélia lui fait comme une confession générale, c’est l’explication de sa conduite passée. Ce n’est qu’à ce moment que Sténio comprend qui il a aimé et qui il a perdu. Son désespoir est sans bornes, mais rien ne peut le soulager, il est tombé trop bas. Il essaie de blasphémer contre son amour, mais il succombe à sa douleur et met fin à sa vie en se noyant dans le lac à quelques pas du couvent et de la demeure de Magnus. Magnus, qui n’a pas répondu au dernier appel du malheureux jeune homme, se croit coupable de ce suicide, il en est désespéré. Faible qu’il est, il cherche aide et soutien chez les autres. Il s’en va trouver le cardinal, l’ami de Lélia, espérant que la pénitence qu’il lui imposera le mettra en paix avec sa conscience tourmentée. Monseigneur Annibal est lui-même si bouleversé par ce drame sinistre et mystérieux qu’il ne peut soulager le moine superstitieux.