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tement, et faire chercher dans cette première déception la raison du peu de durée de ses amours à lui, Sandeau, avec Aurore ? Nous ne saurions affirmer ni l’un ni l’autre. Plusieurs scènes entre Henry et Marianna sont d’autre part la copie exacte des scènes orageuses survenues entre Musset et George Sand. Quoi qu’il en soit, l’héroïne de Marianna éveille la compassion sympathique du lecteur, on la plaint et on excuse tous ses entraînements, car on en comprend la cause. Il paraît que tel était l’opinion de Sandeau sur George Sand. Avant d’en finir avec Sandeau, nous devons ajouter, qu’à en juger d’après les paroles de M. Grenier[1], de M. Levallois[2] et d’autres personnes ayant beaucoup connu l’auteur de Marianna et écrit sur lui, ainsi que d’après ce que nous-mêmes nous avons entendu raconter, cet écrivain n’a jamais pu se consoler d’avoir perdu par sa propre faute, l’amour d’Aurore Dudevant, et, jusqu’à la fin de ses jours il n’a pu parler d’elle autrement que les yeux pleins de larmes. George Sand, de son côté, comme nous l’assure un écrivain de renom qui l’a connue durant les quinze dernières années de sa vie, ne parlait d’aucun de ses anciens amis avec autant de mépris et de dégoût que de Sandeau. Ce fait seul suffirait à prouver la profondeur de son désenchantement et de son chagrin.

Mais revenons à l’époque qui suivit la rupture avec Sandeau et l’amour éphémère de George Sand pour Mérimée. Nous n’avons touché à cet épisode, si insignifiant dans la vie de George Sand, que pour faire voir le trouble, le chaos qui régnaient alors dans l’âme de George Sand, à

  1. E. Grenier : « Souvenirs Littéraires. George Sand. » Revue bleue, 15 octobre 1892.
  2. Jules Levallois : « Sainte Beuve, Gustave Planche, George Sand. » Souvenirs littéraires. Revue bleue, 19 janvier 1895.