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sion de ses yeux, brûlante, fatiguée, maladive, accusait des luttes intérieures, terribles, incessantes, inavouées. »

Alors que M. de Belnave, plongé dans les soucis que lui donne la gestion de ses biens et de sa fabrique finit, comme Casimir Dudevant, par « se pétrifier dans la réalité », Marianna se sent délaissée, s’ennuie et languit dans la solitude.

« Le dessin, le piano, la lecture des romans modernes, les courses à cheval, les promenades solitaires, remplissaient ses journées oisives. Elle avait dû conserver d’ailleurs une humeur douce, un caractère égal, et M. de Belnave n’imaginait pas que sa femme pût ne pas être heureuse. Oui, sans doute elle était heureuse ; seulement elle se mourait d’ennui[1]. »

Un soir que son mari entra par hasard dans la chambre de Marianna qui de sa croisée admirait tristement la belle soirée, son chagrin éclata tout à coup, et sans motif aucun elle fondit en larmes. Casimir Dudevant ne fut pas moins étonné que M. de Belnave de ces larmes que rien ne justifiait.) Il fut aussitôt résolu que Marianna avait besoin de se distraire et l’on partit pour les Pyrénées ! À Bagnères Marianna fit la connaissance d’un jeune homme plus ou moins poétique, Gustave Bussy. » Les deux ennuis devaient se comprendre l’un l’autre. Ils se comprirent. » Ils se lient d’un amour romanesque tout semblable à celui d’Aurore Dudevant pour Aurélien de Sèze. Mais bientôt ils doivent se quitter. Les Belnave retournent à Blanfort. M. de Belnave tout comme Dudevant, semble protéger et partager l’amitié de sa femme pour le jeune élégant.

« Tout avait pris pour Marianna une face nouvelle. Les

  1. Marianna. p. 45.