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lui portaient ses adorateurs reconnaissants, à quelque nation qu’ils appartinssent, sont parfaitement dépeintes dans l’épisode suivant, que M. Edmond Plauchut nous a obligeamment raconté, et qu’il reproduit avec plus de détails et d’une façon fort pittoresque dans son livre intéressant : Le tour du monde en 120 jours, notamment dans le chapitre intitulé : Un naufrage aux îles du Cap Vert.

M. Edmond Plauchut, l’un des amis les plus intimes de George Sand pendant les quinze dernières années de sa vie, à l’époque dont nous parlons ne connaissait le grand écrivain que par correspondance. Lorsque éclata la révolution de 1848, il n’avait que vingt-cinq ans : il se retira dans son pays, un des départements de la France centrale, et y fonda un journal. Il surgissait ainsi en France, à cette époque, de nombreuses feuilles locales. George Sand publia alors une étude critique servant de préface à l’ouvrage de V. Borie Travailleurs et propriétaires[1]. M. Plauchut avait critiqué ce livre ; G. Sand lui écrivit une lettre pour défendre le jeune auteur ; M. Plauchut répondit à l’illustre femme. Une correspondance s’engagea dès lors entre eux, et le jeune homme échangea ainsi plusieurs lettres (une dizaine environ) avec la célèbre romancière, qui s’imaginait que son correspondant était un vénérable rédacteur de journal, et non un jeune homme d’une vingtaine d’années. Sur ces entrefaites, éclata la contre-révolution. M. Plauchut, comme bien d’autres, fut obligé de fuir. Il prit la résolution de faire le tour du monde et s’embarqua en Belgique, à bord du Rubens. Le bâtiment fit naufrage non loin des côtes de Bôa-Vista, l’une des îles du Cap Vert. Le capitaine, seize matelots et M. Plauchut, l’unique passager du Rubens,

  1. L’article de George Sand sur ce livre fut réimprimé dans ses Œuvres complètes édit. Lévy, dans le volume des Souvenirs de 1848.