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le bureau de ce dernier et les avait brûlées. Remarquons aussi que quoique George Sand le nie (par exemple dans la fameuse lettre à Mirecourt), Sandeau était effectivement allé en Italie à ses frais à elle, et que, malgré sa rupture avec lui, elle était restée en de bonnes relations avec la famille Sandeau. Ainsi, le 18 juillet 1833, elle écrivait encore à Mlle  Félicie Sandeau, à Niort : « Notre bon Jules est à Florence »… « pour sa santé », ajoutant que ce petit voyage était « très utiles à Jules pour écrire et raconter », et terminait en priant Mlle  Félicie de présenter ses salutations à son père et d’embrasser sa mère, etc. Nous attirons aussi l’attention du lecteur sur le passage très transparent du roman de Sandeau, Marianna, où l’auteur raconte comment Henry partageait, sans scrupule, les ressources de Marianna, trouvant, qu’entre eux, « tout était commun ».

Néanmoins, au commencement de 1833, tout rapport personnel entre George Sand et Jules Sandeau avait cessé et ils ne se rencontrèrent que très rarement plus tard. Nous savons, par exemple, par le journal d’Aurore, qu’elle envoya en 1835 à Musset, que le hasard les avait mis en présence l’un de l’autre chez Gustave Papet, en décembre 1834, et qu’ils avaient alors causé paisiblement. Mais en 1833, elle ne voulait pas entendre parler de le voir.

Le désespoir d’Aurore fut extrême. Elle avait pu s’expliquer la trahison grossière de la part de Dudevant par l’absence du véritable amour dès les débuts de leur mariage, mais Jules Sandeau l’avait passionnément aimée, leur liaison était une liaison de deux cœurs, leur camaraderie et leur amitié avaient précédé leur union ; ils n’avaient qu’une seule âme ; leurs intérêts, leurs goûts, étaient en tout semblables. Et cependant Sandeau l’avait trahie, et la trahison avait été tout aussi simplement gros-