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faire une surprise à Sandeau, Aurore Dudevant arriva à l’improviste de Nohant et le trouva en conversation criminelle avec une blanchisseuse quelconque. La rupture fut immédiate et définitive. En juin 1833, George Sand écrit à ce propos à Émile Régnault :

13 juin 1833.

« Cher ami, je viens d’écrire à M. Desgranges pour lui donner congé de l’appartement de Jules et lui demander quittance des deux termes échus que je veux payer ; l’appartement sera donc à ma charge jusqu’au mois de janvier 1834.

« … Je reprends chez moi le reste de mes meubles. Je ferai un paquet de quelques hardes de Jules, restées dans les armoires et je les ferai porter chez vous, car je désire n’avoir aucune entrevue, aucune relation avec lui à son retour, qui, d’après les derniers mots de sa lettre, que vous m’avez montrée, me parait devoir ou pouvoir être prochain. J’ai été trop profondément blessée des découvertes que j’ai faites sur sa conduite, pour lui conserver aucun autre sentiment qu’une compassion affectueuse. Faites-lui comprendre, tant qu’il en sera besoin, que rien dans l’avenir ne peut nous rapprocher. Si cette dure commission n’est pas nécessaire, c’est-à-dire si Jules comprend de lui-même qu’il doit en être ainsi, épargnez-lui le chagrin d’apprendre qu’il a tout perdu, même mon estime. Il a sans doute perdu la sienne propre. Il est assez puni… »


Remarquons que c’est à cet épisode que s’est attachée une légende souvent racontée depuis, et dont l’auteur fut Paul de Musset : que George Sand avait elle-même, en l’absence de Sandeau, alors en Italie, pris ses lettres dans