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gens se complique par les relations de Bénedict avec la famille de sa fiancée, Athénaïs Lhéry, fille d’un paysan enrichi qui l’a élevée « comme une demoiselle », et par les relations de Valentine avec Louise, sa sœur aînée, fille perdue, que sa famille a maudite. La position de cette malheureuse est un avertissement pour Valentine, si jamais elle se laissait entraîner par son amour pour Bénédict. Louise, que Valentine voit malgré la défense de sa mère et de sa grand’mère, devient à son tour amoureuse de Bénédict, ce qui ne les empêche pas de rester amies ; le mépris même qui retombe sur Louise ne fait que rendre leur tendresse plus ardente, plus émue. Ce sont là des souvenirs des relations d’Aurore avec sa mère, et d’une fête de La Châtre, où elle s’était faite la protectrice d’une fille déchue (il en a été parlé plus haut). La scène où Valentine danse la « bourrée » rappelle tout à fait celle qui est racontée dans l’ « Histoire de ma Vie » à propos de l’amitié d’Aurore pour cette malheureuse jeune fille. C’est une des meilleures scènes du roman et ce n’est pas la seule excellente. Nous ne tenons pas à répéter ici les éloges, tant de fois prodigués, au récit de la première rencontre de Valentine avec Bénédict, quand, ne l’apercevant pas encore, elle admire son chant dans le silence de la forêt, ni à vanter une fois de plus la charmante idylle au bord du ruisseau lors de la partie de plaisir champêtre : nous ne parlerons pas non plus du départ de la famille Lhéry, pour la fête, ni de la brûlante explication, la nuit, entre Bénédict et Valentine dans la chambre de celle-ci. Si nous ne répétons pas ici toutes les louanges adressées à l’auteur à l’occasion de ces scènes admirables, ce n’est pas que nous ne désirions les louer encore cent fois davantage, mais uniquement pour ne pas ressasser ce que chaque lecteur, tant soit