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avoir bien fait de la prendre pour modèle dans le caractère de ce personnage. Tout ce qui est vérité, n’est pas bon à dire ; il peut y avoir mauvais goût dans le choix. En somme, je vous ai dit que je n’avais pas fait cet ouvrage seule. Il y a beaucoup de farces que je désapprouve : je ne les ai tolérées que pour satisfaire mon éditeur, qui voulait quelque chose d’un peu égrillard. Vous pouvez répondre cela pour me justifier aux yeux de Caroline, si la verdeur des mots la scandalise. Je n’aime pas non plus les polissonneries. Pas une seule ne se trouve dans le livre que j’écris maintenant et auquel je ne m’adjoindrai de mes collaborateurs que le nom, le mien n’étant pas destiné à entrer jamais dans le commerce du bel esprit[1] ».

En l’automne de 1831, Aurore passa de nouveau deux mois à Nohant, d’où elle rapporta à Paris Indiana, roman qu’elle avait écrit pendant l’été dans l’espoir que Sandeau, comme il était convenu, le corrigerait, y apporterait quelques changements et ajouterait quelques chapitres de sa plume. Mais il se trouva que Sandeau n’avait rien écrit pendant ce temps ; il ne voulut non plus rien changer au roman. À la fin de 1831 parut cependant Rose et Blanche. Le nom du nouvel auteur, J. Sand, dont les deux collaborateurs signaient leurs œuvres communes, était déjà connu et avait acquis une notable célébrité. Les jeunes auteurs n’avaient plus besoin de courir à la recherche d’un éditeur ; celui qui vint ensuite, vint de lui-même chez eux pour leur demander s’ils avaient quelque chose à lui donner. Aurore lui remit le manuscrit d’Indiana, espérant pouvoir le signer, comme auparavant, du nom de J. Sand. Mais la modestie de Sandeau se révolta à l’idée de signer du pseu-

  1. Correspondance, vol. I, p, 212.