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Aubin[1] ». Ni Jules Sandeau, ni George Sand ne reconnurent donc plus tard Rose et Blanche comme leur œuvre, et ne l’insérèrent ni l’un ni l’autre dans leurs œuvres complètes. Rose et Blanche ou La comédienne et la religieuse est l’histoire parallèle de deux jeunes filles, l’une actrice, l’autre religieuse, et peint sous des couleurs très vives le contraste des deux mondes où vivent les deux héroïnes. Les héros sont aussi au nombre de deux et font également contraste par leur tempérament et leur caractère. Dans le principal nous apparaît le type favori de George Sand, celui d’un jeune homme faible, manquant de volonté, incapable de se laisser absorber par aucun sentiment ou de prendre aucune résolution décisive, mais se laissant facilement entraîner et entraînant les autres, un peu phraseur, un peu désenchanté, au fond, froid et égoïste. Remarquons dès maintenant que plus tard, dans son roman Horace, où elle exposa toutes les faiblesses de ce type, George Sand lui donna le nom d’un des héros de son premier roman (ce nom appartient, dans Rose et Blanche, d’ailleurs, à un tout autre caractère) et lui attribua, en outre, plusieurs traits de Jules Sandeau lui-même. Il y a dans Rose et Blanche de merveilleuses descriptions, une peinture magistrale des mœurs de théâtre, des pages d’une fine analyse psychologique. On y suit en outre facilement les souvenirs personnels, vécus par Aurore Dupin. Le couvent, avec ses types si variés, et la noblesse campagnarde y ont trouvé un peintre véridique d’un puissant coloris. La mère de l’actrice, Primerose, ressemble beaucoup par sa nature excentrique et fougueuse à la mère de l’auteur, Sophie-

  1. Voir l’excellent travail de M. de Lovenjoul : Histoire des Œuvres de Honoré de Balzac, par Charles de Lovenjoul, Paris, Calmann-Lévy, 1879.