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Le député Duris-Dufresne, dont nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion de parler, et qui, dans les premiers temps, aidait Aurore à se mettre en relation avec le monde littéraire de Paris, venait souvent compléter leur société.

Nous ne reproduirons pas ici les belles pages de l’Histoire de ma Vie ou George Sand raconte avec tant de verve et d’entrain le passe-temps de ses joyeux compagnons, toutes les farces inventées par eux au milieu de leur vagabondage à travers Paris, leur gaieté contagieuse leur faisant oublier pauvreté, privations et adversités de fortune. Les souvenirs de George Sand se rapportant à cette époque respirent la fraîcheur, la joie de vivre. Toute cette généreuse jeunesse était pleine de foi en l’idéal, portée à l’héroïsme, rêvait la gloire, aspirait à transformer, sinon le monde, au moins la littérature. Pouvait-on regretter un dîner, qu’on ne pouvait se payer, lorsqu’il s’agissait d’une soirée au théâtre, où se donnait un nouveau drame de Victor Hugo ou une pièce de de Latouche où il fallait siffler ou applaudir, car on « luttait pour le bon principe ». Était-ce la peine de se soucier du froid de la mansarde, lorsque les articles de de Latouche, de Planche ou de Sainte-Beuve échauffaient tous les cœurs, soulevaient des tempêtes d’enthousiasmes et d’espérances, d’indignation et de ressentiment ?

Comme un jeune aigle échappé de sa cage, ivre de sa liberté, assoiffée de savoir, brûlant d’une fièvre d’activité, les yeux grands ouverts sur toutes les merveilles qui s’ouvraient devant elle, Aurore Dudevant se trouva jetée à

    pour avoir mis en lumière le nom et la gloire d’André Chénier, en réunissant et en publiant ses œuvres. Parmi ses ouvrages à lui, citons la Reine d’Espagne, Fragoletta et un recueil de poésies Les Adieux dont nous parlerons plus loin.