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que les traductions consciencieuses prennent beaucoup de temps et ne donnent pas de quoi vivre. Elle recourut alors au dessin, talent qu’elle avait hérité de sa mère, et se mit à faire des portraits. (Ainsi elle envoya à sa mère celui de Maurice, de Caroline, le sien, etc.) Les portraits étaient très ressemblants[1], mais ils manquaient d’originalité, et Aurore ne pouvait pas espérer que ce métier la fît subsister. Elle se mit ensuite à peindre des boîtes en bois de Spa, des éventails, des tabatières, qui furent un temps à la mode et très demandés. Presque tous les biographes de George Sand parlent de cette occupation comme d’une de celles auxquelles elle eut recours en 1831, lorsque, déjà à Paris, elle dut penser à gagner son pain, et, qu’avant d’entrer dans la carrière littéraire, elle s’était essayée dans différents métiers. Et cependant, par l’Histoire de ma Vie, par la Correspondance, et plus encore par ses Lettres à Mme  Saint-Agnan, on voit qu’elle s’occupait de peinture à Nohant bien avant de l’avoir quitté. Il semble que c’est sa « tante Saint-Agnan » et sa fille Félicie, qui lui avaient surtout appris à peindre sur bois pendant leurs séjours à Nohant, car dans ses lettres à ces dames, elle leur demande toujours conseil à ce sujet, les prie de choisir et de lui envoyer des couleurs, les consulte sur la manière de vernir les boîtes, etc. Dans les premiers temps, ce fut là une occupation dont Aurore remplissait ses moments perdus en simple dilettante, faisant cadeau de ses boîtes et de ses tabatières à Caron, à de Sèze, à M. Saint-Agnan ou à sa femme. Elle

  1. George Sand fit plus tard au crayon les portraits de quelques-uns de ses amis, entre autres, ceux de Sandeau, de Chopin. La sœur de Chopin assure que le portrait de ce dernier, fait par George Sand et dont nous avons la copie devant les yeux, est celui qui ressemble le plus au grand musicien polonais. Nous en parlons ailleurs.