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main. Les ouvriers suivent forcément son exemple, mais ils ne s’en plaignent pas, parce qu’on ne leur épargne pas le vin du cru. Nous autres femmes — (il y avait cet été à Nohant, outre Émilie, Mme  Saint-Agnan avec ses filles) — nous nous asseyons sur les gerbes qui encombrent la cour, nous lisons, travaillons beaucoup et nous nous promenons peu. Nous faisons aussi beaucoup de musique… » Au mois de septembre, une fille naquit aux Dudevant, Solange. L’événement arriva avant terme, à la suite d’une frayeur qu’avait éprouvée Aurore et si inopinément qu’elle eut à peine le temps de préparer, pour le nouveau-né, la layette qui se trouvait encore dans le panier à ouvrage. Le docteur arriva quand la mère et l’enfant étaient déjà endormies. Malgré cela, on peut remarquer que, dès les premiers jours de sa vie, Mlle  Solange a toujours joui d’une excellente santé, et Mme  Dudevant, de son côté, se trouvait si bien qu’elle ne resta couchée qu’un seul jour, et huit jours après elle montait déjà à cheval[1].

Après avoir passé l’hiver en partie à Nohant, en partie à La Châtre, menant cette vie de plaisir et de bruit dont nous avons déjà parlé, — les Dudevant allèrent en famille, au commencement de l’été 1829, passer deux mois à Paris et à Nérac. Aurore y retourna encore à la fin de l’automne, après avoir fait, à Périgueux, une visite de quelques semaines à une de ses amies, Félicie Mollier. Elle ne rentra chez elle que pour Noël (entre le 18 décembre où elle écrivit encore une lettre de Périgueux à son petit Maurice[2] et le 29 décembre où elle écrit déjà de Nohant à

  1. Lettre inédite à Charles Poncy du 1er  août 1844.
  2. Lettre inédite, écrite en caractères d’imprimerie, pour que son fils qui venait d’apprendre à lire pût la déchiffrer.