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chez Flammèche. Il n’avait plus ainsi qu’à revoir, à relire et à expédier en enfer ce que les peintres et les écrivains lui apportaient de toutes parts. Tranquillisé et ravi de son invention, Flammèche écrit son très humble rapport à Satan et le lance dans l’espace en s’écriant : « Va au diable ! » Cet écrit est annexé au recueil sous forme de rapport manuscrit authentique, orné, comme vignette, d’une jolie guirlande de diablotins avec leurs attributs, en compagnie de pécheurs. Le rapport commence comme suit : « Sire ! nous avions tort de faire fi des hommes ; ces pygmées sont des géants, et, à côté de leurs femmes, ces géants ne sont eux-mêmes que des pygmées… »

Il serait difficile de dire aujourd’hui si Stahl pensait réellement que le seul article de son recueil qui fût signé d’un nom de femme était vraiment supérieur à ceux que lui avaient fournis les hommes de lettres, ou si ce n’était là qu’une galanterie de l’amoureux Flammèche, désireux de se montrer aimable envers les dames. Une chose que l’on peut affirmer à coup sûr, c’est que le Coup d’œil général sur Paris, cette sombre et passionnée diatribe de George Sand contre le bonheur d’une poignée de riches et de nobles, contre la pauvreté et la misère de la plèbe, contre l’exploitation des basses classes par quelques richards isolés, contre le capitalisme en général, contre la vie tout artificielle de ceux qui habitent les villes, contre l’hostilité des différentes classes entre elles et l’intolérance de toutes sortes, — cet ardent appel adressé à l’égalité, à la fraternité, à l’amour, cet espoir non moins ardent en un meilleur avenir, — ces quelques pages, enfin, qui valent ses plus beaux romans par la profondeur et l’intensité de leur sentiment, dépassent de toute une coudée tout le reste du livre. Elles sont bien supérieures au spirituel bavardage