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va une seconde fois à Nohant, et Aurore est dans toutes les transes, lorsque les lettres de son mari se font attendre ou ne lui arrivent pas. Elle bombarde de billets le vieux Caron, qui habitait Paris en ce moment et remplissait différentes commissions que lui donnaient les Dudevant, depuis les rubans et les commandes de robes d’Aurore, jusqu’aux affaires d’argent de Casimir. Elle exige que Caron lui écrive, s’il reçoit avant elle des nouvelles de son mari. Toute journée passée sans lettre la met au désespoir. Les lettres à Dudevant du ler, 3, 16, 19 août et 23 décembre 1824 (inédites) sont toutes remplies d’expressions d’amour, d’un amour très tendre, presque passionné. De son côté, Casimir, lui ayant promis de lui écrire pendant la route, et « même le jour de son départ », veut savoir tout ce que fait sa femme en son absence, et « elle lui écrit un volume », comme elle s’exprime dans une lettre à Caron, du 8 novembre 1824[1]. Et le 10 novembre elle écrit au même Caron : « Je suis fort inquiète de ne peint recevoir des nouvelles de Casimir ; lui, qui est si exact, ne m’a pas écrit depuis la lettre que vous m’avez envoyée le 19. Enfin, j’aime mieux une certitude quelconque que l’agitation et l’inquiétude où je vis. Je ne vis pas… soyez exact à m’envoyer ses lettres, je vous en conjure, mon ami. Vous direz que je n’ai pas le sens commun de me tourmenter ainsi, tout le monde le dit et m’obsède. Cela ne dépend pas de moi. Il est parti avec des pressentiments si tristes. Je vois tout en noir. Je patienterai encore demain, mais si je ne reçois pas de nouvelles, je vais à Paris mercredi matin. Je ne sais à quoi cela m’avancera, mais le corps ne peut pas pester en place quand l’esprit court les champs[2]. »

  1. Inédite.
  2. Inédite.