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après y avoir été maître absolu pendant vingt-cinq ans et n’avoir pas eu de compte à rendre aux vrais maîtres : la vieille Mme Dupin et Aurore. Après son départ, Casimir dut prendre l’intendance de Nohant, ce qui força les Dudevant, à l’approche de l’hiver 1823-24 de retourner à la campagne qu’ils croyaient ne plus quitter.

Une parfaite union et les meilleurs rapports régnaient alors entre les deux époux. Dans ses lettres, Aurore parle presque toujours à la première personne du pluriel, « nous ». « Jour et nuit nous ne nous occupons que de Maurice, » dit-elle en parlant d’elle et de son mari dans la lettre qu’elle écrivit à sa mère le 24 février 1824[1]. « Nous vous embrassons et nous sommes vos bons amis, » disait-elle à la fin d’une de ses lettres à Caron[2], et elle signait pour tous deux : « Les deux Casimir ». Il n’y a pas une seule des lettres qu’elle a écrites à cette époque à sa mère, surtout de celles qui sont restées inédites et que nous avons eu l’occasion de parcourir, où Aurore ne parle de Casimir sur le ton le plus amical ; elle l’appelle : « mon ami Casimir », « mon bon ami », ou, à l’instar des paysannes, « mon homme ».

Toutes ses lettres des premières années de mariage nous montrent avec quelle sollicitude Aurore s’occupait de son mari. Lorsque, en 1824, les Dudevant firent aux Duplessis une visite, pendant laquelle Casimir alla passer quelque temps à Nohant, Aurore fit exprès un voyage à Paris, dans le seul but de l’ « embarquer »[3] En automne, Casimir

  1. Inédite.
  2. Correspondance de George Sand, t. 1, lettre datée du 21 novembre 1823.
  3. Dans une lettre inédite à Caron du 15 juin 1824, elle lui en communique la nouvelle et lui demande de bien vouloir l’accompagner lors de son retour au Plessis ; il semble qu’à cette époque elle ne pouvait encore se résoudre à faire seule le plus petit voyage. Cette lettre est signée « la mère Ragot ».