motifs aux scènes passionnées qui se produisirent alors, si les deux femmes eussent mis dans leurs rapports avec la fillette plus de raison et moins d’amour-propre et de jalousie. Hâtons-nous cependant de dire que George Sand, en parlant de l’amour exalté qu’elle portait à sa mère et des dramatiques péripéties de son affection, exagère sans doute, grossit les couleurs, prête à tout un caractère beaucoup plus romanesque que ne le comportait la réalité. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer ce qu’elle dit dans l’Histoire de ma Vie, à propos d’une lettre écrite par elle à sa mère en 1812, avec la lettre même, publiée dans sa Correspondance sous le numéro 1. Ce qu’elle dépeint, c’est quelque chose de passionné, de désespéré, de pathétique ; en réalité, c’est une gentille petite lettre touchante, mais bien naturelle et très enfantine[1]. Ainsi donc, malgré tous ces sentiments violents et ce qu’il y avait de vraiment tragique dans la situation de la fillette,
- ↑
1° Histoire, t. II, p. 426-429. — 2° Correspondance, t. I. p. 1. Voici
en quels termes colorés (trop colorés même), George Sand fait connaître
le contenu de cette lettre, p. 427… « Qu’y avait-il dans cette
lettre ? Je ne m’en souviens plus. Je sais que je l’écrivis dans la fièvre
de l’enthousiasme, que mon cœur y coulait à flots pour ainsi dire, et
que ma mère l’a gardée longtemps comme une relique, mais je ne l’ai
pas retrouvée dans les papiers qu’elle m’a laissés. Mon impression est
que jamais passion plus profonde et plus pure ne fut plus naïvement
exprimée, car mes larmes l’arrosèrent littéralement, et à chaque instant
j’étais forcée de retracer les lettres effacées par mes pleurs »… etc., etc.
Et voici la lettre elle-même :
- À Mme Maurice Dupin qui allait quitter Nohant, 1812.
« Ta fille.« Tu mettras la réponse derrière le portrait du vieux Dupin. »
Bien que George Sand déclare ne pas avoir retrouvé cette lettre, et que le départ de sa mère dont elle parle soit celui de 1814, tandis que