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CHAPITRE III
(1804-1817)

Premières années. — Les contes « entre quatre chaises ». — Napoléon. — Madrid et Murat. — Nohant. — L’aïeule et la mère. — Dédoublement moral ; impressions artistiques. — Premiers essais Littéraires. — « Corambé. » — Le Berry et la vie des champs. — La religion et le théâtre.


Les trois premières années de la vie d’Aurore Dupin s’écoulèrent dans le petit logis de ses jeunes parents (rue Grange-Batelière). Peu de temps après la naissance de sa fille, Dupin fut obligé, comme nous l’avons dit, de retourner à l’armée, et Sophie-Antoinette resta toute seule avec deux enfants, la petite Aurore et son aînée Caroline. La jeune femme menait alors la vie la plus recluse et la plus modeste, sans voir personne, à l’exception de sa sœur, mariée à ce même Maréchal, qui avait été son compère au baptême d’Aurore et demeurait à Chaillot[1], et de quelques connaissances et amis, dont le plus intime était un certain Pierret, bon bourgeois, dévoué comme un chien à Sophie et à son mari. Tous ses soins étaient consacrés à ces deux petites filles. De temps à autre on organisait des excur-

  1. Dans l’été de 1805, Sophie alla passer quelques mois chez son mari an camp de Montreuil. Aurore resta pendant ce temps chez sa tante à Chaillot. Dans son ouvrage peu connu, Voyage en Auvergne (fragment autobiographique écrit en 1827, où nous trouvons le premier canevas de l’Histoire de ma Vie), George Sand dit qu’on l’avait « mise en sevrage à Chaillot », lorsque sa mère partit pour l’Italie, et qu’elle y resta jusqu’à