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et pourtant ne marchent pas de front, c’est le progrès intellectuel et le progrès moral. Chez les peuples civilisés, le premier reçoit, dans ce siècle-ci, tous les encouragements désirables ; aussi a-t-il atteint un degré inconnu jusqu’à nos jours. Il s’en faut que le second soit au même niveau, et cependant si l’on compare les mœurs sociales à quelques siècles de distance, il faudrait être aveugle pour nier le progrès. Pourquoi donc la marche ascendante s’arrêterait-elle plutôt pour le moral que pour l’intelligence ? Pourquoi n’y aurait-il pas entre le dix-neuvième et le vingt-quatrième siècle autant de différence qu’entre le quatorzième et le dix-neuvième ? En douter serait prétendre que l’humanité est à l’apogée de la perfection, ce qui serait absurde, ou qu’elle n’est pas perfectible moralement, ce qui est démenti par l’expérience.


Peuples dégénérés.

786. L’histoire nous montre une foule de peuples qui, après les secousses qui les ont bouleversés, sont retombés dans la barbarie ; où est le progrès dans ce cas ?

« Quand ta maison menace ruine, tu l’abats pour en reconstruire une plus solide et plus commode ; mais, jusqu’à ce qu’elle soit reconstruite, il y a trouble et confusion dans ta demeure.

« Comprends encore cela : tu étais pauvre et tu habitais une masure ; tu deviens riche et tu la quittes pour habiter un palais. Puis, un pauvre diable comme tu étais vient prendre ta place dans ta masure, et il est encore très content, car avant il n’avait pas d’abri. Eh bien ! apprends donc que les Esprits qui se sont incarnés dans ce peuple dégénéré ne sont pas ceux qui le composaient au temps de sa splendeur ; ceux d’alors qui étaient avancés, sont allés dans des habitations plus parfaites et ont progressé, tandis que d’autres moins avancés ont pris leur place qu’ils quitteront à leur tour. »