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elles donnent lieu, que l’intervention d’une puissance diabolique, nouveau Protée qui revêtirait toutes les formes pour mieux nous abuser. Nous ne la croyons pas susceptible d’un examen sérieux, c’est pourquoi nous ne nous y arrêterons pas : elle se trouve réfutée par ce que nous venons de dire ; nous ajouterons seulement que, s’il en était ainsi, il faudrait convenir que le diable est quelquefois bien sage, bien raisonnable et surtout bien moral, ou bien qu’il y a aussi de bons diables.

Comment croire, en effet, que Dieu ne permette qu’à l’Esprit du mal de se manifester pour nous perdre, sans nous donner pour contre-poids les conseils des bons Esprits ? S’il ne le peut pas, c’est impuissance ; s’il le peut et ne le fait pas, c’est incompatible avec sa bonté ; l’une et l’autre supposition seraient un blasphème. Remarquez qu’admettre la communication des mauvais Esprits, c’est reconnaître le principe des manifestations ; or, du moment qu’elles existent, ce ne peut être qu’avec la permission de Dieu ; comment croire, sans impiété, qu’il ne permette que le mal à l’exclusion du bien ? Une telle doctrine est contraire aux plus simples notions du bon sens et de la religion.

XI

Une chose bizarre, ajoute-t-on, c’est qu’on ne parle que des Esprits de personnages connus, et l’on se demande pourquoi ils sont seuls à se manifester. C’est là une erreur provenant, comme beaucoup d’autres, d’une observation superficielle. Parmi les Esprits qui viennent spontanément, il en est plus encore d’inconnus pour nous que d’illustres, qui se désignent par un nom quelconque et souvent par un nom allégorique ou caractéristique. Quant à ceux que l’on évoque, à moins que ce ne soit un parent ou un ami, il est assez naturel de s’adresser à ceux que l’on connaît plutôt qu’à ceux que l’on ne connaît pas ; le nom des personnages illustres frappe davantage, c’est pour cela qu’ils sont plus remarqués.

On trouve encore singulier que les Esprits d’hommes éminents viennent familièrement à notre appel, et s’occupent quelquefois de choses minutieuses en comparaison de celles qu’ils ont accomplies pendant leur vie. À cela il n’est rien d’étonnant pour ceux qui savent que la puissance ou la considé-