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son fils à une mort affreuse. Lequel des deux est donc le plus digne de foi ? Et lequel paraît le plus vraisemblable, ou d’un acte de faiblesse naturelle à l’humanité, ou d’une action épouvantable, et si contraire aux sentimens d’une mère ? On connaît l’héroïsme d’une illustre Ligurienne, qui, après avoir dérobé son fils à la fureur des ennemis, répondit à ceux qui demandaient où elle l’avait caché : « Ici, dans mon sein », et qui périt dans les tortures, sans déclarer sa retraite (404). Ce trait, rapporté par un Historien romain, nous touche, mais ne nous surprend pas ; nous y voyons une mère. Nous n’aurions pas été surpris davantage, si la Tsarine religieuse, en voulant sauver le véritable Dmitri, se fût précipitée sur les piques des Moscovites, en s’écriant : « C’est mon fils » ! Et encore, n’était-elle pas menacée de la mort pour la vérité, mais seulement du jugement de Dieu pour le mensonge. La parole de la Tsarine décida du sort de celui qui la respectait comme sa véritable mère, et qui partageait sa grandeur avec elle. En condamnant le faux Dmitri à la mort, Marpha se condamnait elle-même à une honte