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on ne pilla que les Marchands d’Augsbourg, de Milan, et autres qui demeuraient dans les mêmes rues que les Polonais (391). Ce jour épouvantable pour l’humanité, l’aurait été bien davantage, au dire des témoins oculaires, si les Polonais avaient pris leurs précautions, et si, après s’être réunis pour un combat désespéré, ils avaient mis le feu à la ville, pour le malheur de Moscou, et le leur propre : car alors aucun d’eux n’aurait échappé à la vengeance des Russes. La négligence des Polonais diminua donc la somme des calamités.

Jusqu’au soir, les Moscovites se réjouirent dans leurs maisons, ou se rassemblèrent tranquillement dans les rues, pour se féliciter mutuellement de ce que la Russie était délivrée de l’Imposteur et des Polonais ; se vantant de leur courage, et sans songer, dit l’Annaliste, « à rendre grâces au Tout-Puissant du succes de leur entreprise : les Temples étaient fermés ». Les Russes, enivrés de leur triomphe présent, ne s’inquiétaient pas de l’avenir.

Silence profond pendant la nuit. Un jour aussi orageux fut suivi de la nuit la plus calme. Il semblait que Moscou fut devenue un désert ; aucune voix humaine ne se