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palais, il avait désarmé les gardes-du-corps et cherchait partout l’Imposteur sans pouvoir le trouver. Jusque là hardi et intrépide, le faux Dmitri tout-à-coup saisi de terreur, avait jeté son épée, courait de chambre en chambre, s’arrachait les cheveux ; et ne voyant point d’autres moyens de salut, il sauta par la fenêtre dans une cour intérieure (382) ; se foula un pied, se fracassa la poitrine et la tête, et resta étendu baigné dans son sang. Les streletz qui montaient la garde dans cet endroit, et qui n’étaient point du complot, le reconnurent ; ils le relevèrent, et après l’avoir porté sur les décombres du palais démoli de Godounoff, ils lui jetèrent de l’eau sur le visage et lui témoignèrent de la pitié (383). L’Imposteur arrosant de son sang les ruines du palais de Boris, (naguère séjour du bonheur, qui avait de même trahi son favori), reprit connaissance ; il conjura les streletz de lui rester fidèles et leur promit, des richesses et des honneurs. Déjà une foule considérable s’était rassemblée autour d’eux, voulant s’emparer d’Otrépieff ; mais les streletz ne consentirent point à le livrer, et exigèrent le té-