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avait élevé l’aventurier ; la vérité devait renverser l’Imposteur. L’exilé Job n’était pas le seul à Moscou qui eût connu le fugitif du couvent de Tchoudoff. Otrépieff espérait-il s’être assez déguisé, en tâchant de paraître à demi Polonais, et en troquant le froc du moine, contre la pourpre des Tsars ? Ou, aveuglé par la fortune, tenant dans ses mains un pouvoir formidable, et regardant les Russes comme un troupeau de brebis, sans voix et sans défense, ne voyait-il plus de dangers pour lui-même ? Ou bien encore croyait-il par l’audace, diminuer ce danger, ébranler la conviction et faire taire la vérité ? Il ne cherchait point à se cacher, et bravait hardiment les regards de tous les curieux qu’il rencontrait dans les rues ; seulement il évitait d’aller dans le couvent de Tchoudoff, où il était trop connu, et qui lui rappelait des souvenirs fâcheux. Il n’est donc point étonnant qu’au commencement même du nouveau règne, lorsque Moscou retentissait encore des éloges de Dmitri, Murmures contre l’Imposteur. il s’élevât déjà quelques murmures confus sur sa ressemblance avec le diacre Grégoire ; l’extravagance et l’inconduite du Tsar faisaient taire les élo-