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murs nus dans les appartemens du Kremlin : il les trouvait tristes. Après avoir fait détruire le palais de Boris, qu’il regardait comme un monument détesté (274), il fit construire pour lui, plus près de la Moskva, un nouveau palais également en bois (275) ; il en orna les murs d’étoffes précieuses de Perse ; les poëles de faïence étaient décorés de grillage en argent, et les serrures des portes étaient dorées. À la grande surprise des Moscovites, il fit placer devant cette habitation favorite, l’image sculptée du gardien des enfers ; un énorme cerbère en bronze, dont les trois gueules s’ouvraient et bruissaient au plus léger attouchement (276). « Par cet emblème, disent les Annalistes, le faux Dmitri présageait la demeure qu’il aurait dans l’éternité : l’enfer et les ténèbres ».

Agissant ainsi contre nos usages et contre la prudence, le faux Dmitri méprisait également les principes plus sacrés de la morale. Il ne voulait point réprimer ses désirs, et brûlant de volupté, il violait publiquement les lois de la chasteté et de la décence, comme pour ressembler par là, à son père prétendu. Il