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Basmanoff, mais Basmanoff qui entraîna l’armée à la trahison. Cet orgueilleux, sans principes d’honneur, et avide des jouissances que donne la faveur, croyait probablement que jamais les fiers et envieux parens de Fédor, ne lui céderaient la place la plus rapprochée du trône : tandis que l’Imposteur, sans famille, conduit, par lui Basmanoff, au souverain pouvoir, serait naturellement attaché, par la reconnaissance et par ses propres intérêts, à l’auteur de sa fortune ; leurs destinées devenaient inséparables : et qui pouvait, par ses qualités personnelles, effacer Basmanoff ? Il connaissait les autres Boyards, et lui-même ; il ignorait seulement que les forts d’esprit tombent, comme des enfans, sur le chemin de l’iniquité ! Il est probable que Basmanoff n’aurait pas osé trahir Boris qui imposait à l’imagination, et par un long commandement et par l’éclat de son génie politique : mais Fédor, faible, par son extrême jeunesse et la nouveauté de son règne, enhardissait le traitre, qui s’armait de sophismes, pour appaiser sa conscience : il pouvait croire que par sa défection il sauvait la Russie de l’oligarchie détestée des Godou-