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de gouverner, et toujours employé, par son père, comme médiateur entre la loi et la grâce ; il avait également appris à connaître les charmes de la bienfaisance : que ne devait pas attendre l’Empire d’un pareil Souverain ? Mais l’ombre de Boris, avec d’horribles souvenirs, jetait des ténèbres sinistres, sur le trône de Fédor. La haine qu’on avait portée au père, empêchait d’aimer le fils. Les Russes n’attendaient que des malheurs d’une race, à leurs yeux, réprouvée du ciel ; et, craignant de devenir victimes de la colère divine contre Godounoff, ils ne craignirent pas de la mériter par leur propre forfait, par une trahison criminelle devant Dieu et devant les hommes.

Fédor, encore si jeune, avait besoin de conseillers : sa mère ne brillait que par les modestes vertus de son sexe. On ordonna immédiatement aux trois plus illustres Boyards : les princes Mstislafsky, Vassili et Dmitri-Schouisky, de quitter l’armée et de se rendre à Moscou, pour siéger au conseil. On rendit la liberté, l’honneur et la fortune au célèbre Belsky, afin de profiter, également dans le conseil, de son esprit et de ses lu-