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des crimes d’un tyran, il n’en avait point le caractère : ses actions les plus atroces n’étaient à ses yeux que des coups d’État. Il n’avait point la fureur aveugle d’Ivan, et il en eut souvent la cruauté, pour éloigner ses rivaux, pour faire périr tous ceux qui lui faisaient ombrage. Si Boris régit bien l’Empire, s’il s’éleva si haut dans l’opinion de l’Europe, n’est-ce pas lui aussi qui précipita la Russie dans un abîme de maux presque inouis ; qui la livra aux Polonais et à des vagabonds, qui amena sur la scène une foule de vengeurs et d’imposteurs, en détruisant l’antique dynastie des Tsars ? N’est-ce point lui, enfin, qui contribua le plus à la profanation du trône, en y montant couvert du sang de Saint-Dmitri ?