Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mouvemens des troupes de Moscou, mais la Russie entière attendait, avec une pénible inquiétude, l’issue d’une lutte aussi importante, entre Boris et le faux ou véritable Dmitri ; car ni l’armée, ni l’Empire n’avaient une entière conviction. L’idée de porter les armes contre le véritable fils d’Ivan, ou de se livrer à un imposteur effronté, maudit par l’Église, effrayait également les cœurs généreux. Un grand nombre de Russes, et même les plus nobles d’entr’eux, n’aimaient pas Boris, mais ayant la trahison en horreur, ils voulaient rester fidèles au serment qu’ils lui avaient prêté. Plusieurs, n’écoutant que leurs passions, étaient pour Boris ou pour le faux Dmitri, ne s’embarrassant pas de la vérité, ni des devoirs d’un sujet fidèle. D’autres, enfin, restaient indécis et se réservaient à régler leur opinion sur les événemens. Si même, dans ce moment, un observateur habile avait pu pénétrer jusqu’au fond des cœurs, encore aurait-il eu de la peine à décider, si l’entreprise de l’Imposteur devait échouer ou réussir, tant la disposition des esprits était indécise et confuse. L’armée marchait, obéissant aux or-