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grâces qu’il répandit. Chaque jour il passait en revue les cohortes et les régimens ; adressait des paroles bienveillantes aux chefs et aux soldats, et donnait des dîners sous des tentes (10), à plus de dix mille personnes par jour, qui toutes étaient servies dans de la vaisselle d’argent. Ces repas, vraiment royaux, se prolongèrent pendant six semaines, car tous les bruits sur l’approche de l’ennemi avaient cessé tout-à-coup ; nos patrouilles ne le rencontraient nulle part ; la tranquillité la plus parfaite régnait sur les bords du Donetz, et nos gardes avancées ne voyant de poussière d’aucun côté, et n’entendant point le bruit des pas des chevaux, dormaient en toute sécurité dans le silence des stèpes. Boris fut-il trompé par de faux avertissemens, ou bien trompa-t-il la Russie par sa feinte crédulité, afin de redoubler l’éclat de son avénement au trône, en se montrant maître Souverain, non seulement de Moscou, mais encore de toute l’armée ? Espérant peut-être par là exciter le dévouement de la nation, pour son nouveau Monarque, qui dans le moment du danger préférait le glaive des combats à la couronne de Mono-