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maux donnaient le jour à des monstres ; les poissons disparaissaient des eaux et le gibier des forêts ; ou bien ceux qu’on employait à la nourriture n’avaient aucun goût ; des troupeaux de chiens et de loups affamés, parcouraient toutes les contrées, dévoraient les hommes et s’entre-dévoraient. On vit des bêtes et des oiseaux inconnus : des aigles planaient sur Moscou ; dans les rues et près du palais on attrapait, avec les mains, des renards noirs. Pendant l’été de 1604, au milieu d’un jour brillant, il parut au ciel une comète ; et un vieillard savant, que Boris avait autrefois fait venir d’Allemagne, déclara à Vlassieff, secrétaire d’État, que l’Empire était menacé d’un grand danger ». Laissons la superstition à nos ancêtres : ses chimériques terreurs sont infiniment moins multipliées que les terreurs réelles dans l’Histoire des hommes.

À cette époque, Irène mourut dans une cellule du couvent des Vierges. Pendant l’espace de six ans, elle n’avait quitté sa retraite volontaire, que pour aller à la chapelle construite auprès de son humble habitation :