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à leur ruine totale ou à une régénération violente.

Mœurs corrompues. S’il est vrai comme le disent des témoins oculaires, qu’il n’existait ni vérité ni honneur parmi les Russes (141) ; si une longue famine loin de les adoucir et de les corriger avait au contraire, augmenté leurs vices, la débauche, l’avarice, l’usure, la cruauté ; si même, la haute Noblesse et le Clergé, étaient infectés par la corruption générale, au point d’oublier leurs devoirs envers la patrie, pour plier devant l’iniquité d’un Monarque déjà odieux à la nation ; fallait-il encore que des présages miraculeux vinssent épouvanter la Russie ? Pretendus miracles. Cependant les Annalistes, suivant les antiques pratiques de la superstition (142) racontent « que souvent, dans ces temps de malheur, il paraissait à la fois deux ou trois lunes, deux ou trois soleils ; des colonnes de feu qui étincellaient au ciel pendant la nuit et qui, par leur mouvement rapide, offraient à l’œil trompé l’action d’un combat, et répandaient sur la terre une teinte rougeâtre ; les tempêtes et les vents abattaient des clochers et des tours ; les femmes et les ani-